En juillet 2020, malgré la pandémie, une première incursion du côté de “La dame à la Licorne”… à l’invitation du Festival Origen!
Musique: Arnold Schonberg, Hildegarde Von Bingen
- La Nuit Transfigurée Op 4, Arnold Schoenberg, Berliner Philharmoniker Berlin, Herbert Von Karajan version.
- Chants d’Hildegarde Von Bingen
Avec : Nais Dubosq, Roxane Stojanov, Caroline Osmont, Yannick Bittencourt, Gregory Dominiak du Ballet de l’Opéra de Paris en permission, et Louis McMiller free lance Artist de la Compagnie Wayne Mc Gregor.
Création: 29, 30, 31 Juillet, 02 Aout 2020. Château de Riom. Suisse.
Durée : une heure
La tapisserie de la Dame à la Licorne, est l’un des grands chefs d’œuvre de l’Art occidental. Exceptionnelle par la qualité de son exécution et par son univers poétique envoûtant, elle est également intrigante par les mystères qui l’entourent, et ses différentes interprétations courtoises, spirituelles, psychanalytiques, alchimiques, voire ésotériques. Celles-ci posent, encore aujourd’hui, toujours question. Cet ensemble de six tapisseries tissé vers l’an 1500 déploie une symbolique extrêmement riche et complexe, par l’usage de motifs « Mille-fleurs » exceptionnels. Considérée comme la « Joconde » du Musée de Cluny, elle fascine toutes les générations depuis sa découverte en 1842 dans le Château de Boussac.
La Dame à la Licorne est indéniablement une œuvre majestueuse, qui intrigue et attire. C’est une allégorie des cinq sens et la représentation d’une quête spirituelle grâce à un mystérieux sixième sens, celui du cœur, à la fois philosophique et humain. Une injonction à s’élever au-delà des plaisirs matériels, ou un hommage crypté à l’amour humain, sans que ces hypothèses soient contradictoires. On y trouve un élan humaniste, l’exemple parfait de ce moment exceptionnel qu’est le basculement du Moyen-âge vers la Renaissance.
Dans la sixième tapisserie, on peut lire l’inscription « Mon seul désir », ou « A mon seul désir », sans que l’abondante littérature à ce sujet n’apporte une réponse définitive sur sa signification. Cette Dame à la Licorne, semble ainsi nous inviter à nous interroger sur la signification du désir. En nous tendant son miroir, elle nous invite à nous poser la question : Quel est mon seul désir ? Une question qui résonne d’une manière particulière dans ce moment de crise systémique, sanitaire et écologique que nous traversons.
Au-delà de l’évocation de cette œuvre emblématique de l’Art textile du début du XVIème siècle qu’est la tapisserie de la Dame à la Licorne, de ses incomparables motifs « Mille-fleurs », cette création est l’occasion de remettre en lumière l’histoire et les savoir-faire des manufactures des Gobelins et d’Aubusson. De célébrer ces femmes, réelles, souvent oubliées car d’une époque lointaine, qui ont ouvert la longue voie de l’émancipation des femmes, comme: Christine de Pizan (1364-1430) première écrivaine de langue Française à vivre de sa plume, la Docteur, compositrice, herboriste et sage-femme Hildegarde Von Bingen (1098- 1179), et les femmes de la communauté des Béguines, féministes au Moyen-Age … Autant de pionnières souvent oubliées des récits contemporains.
De la « Nuit transfigurée » d’Arnold Schonberg dans la version d’Herbert Von Karajan, aux envolées mystiques d’Hildegarde Von Bingen , c’est une proposition musicale de haut vol qui se déploie, en dialogue avec six danseurs, partis a la recherche du message intemporel de cette « Dame des temps chevaleresques ».
Sébastien Bertaud